PascalDufrénoy
Nombre de messages : 288 Age : 64 Localisation : Flandre Date d'inscription : 05/11/2008
| Sujet: Les Stigmates du Pérégrin - Gueule de bois. Mer 16 Juin - 15:42 | |
| Gueule de Bois.
Les toits s’entassent et serpentent à écorcher les lambeaux du ciel indécis. Ils sont cernés de suie grasse et de mousses maculées qui font regretter l’élégance d’antan, l’esthétique fraîcheur qui doit subsister dans nos souvenirs : une pompe fastueuse… C’est ce qu’un ciel de Paris peut montrer de plus avantageux, c’est tout ce que l’on est en droit d’attendre. La rue, elle aussi, poisseuse, imprécise, luisante de pluie, chavire sans intention précise ni harmonie là où elle pourrait tirer son plan rectiligne et choisit par des méandres douteux des travers qu’elle devrait s’épargner. Elle est ivrogne ou aliénée. La lumière, orchestrée par un astre dément vient de faire son entrée, elle est d’une teinte effrayante. L’air -une besace de poussières - oppresse toute l’humanité comme dans un grenier perdu. Il faut marcher très calmement, voici toute ma distraction. La lune plaquait ses teintes de zinc Par angles obtus Des bouts de fumée en forme de cinq Sortaient durs et noirs des hauts toits pointus. Paul Verlaine – Croquis parisien Cette rue se cogne contre un bistrot que l’on remarque : sur la façade, c’est une multitude de figures de cire blanche, équivoques, grimaçantes, exotiques, attroupées en meutes dans une vitrine flétrie d’une désolation extraordinaire. Au fond, le tord-boyau corrompu d’émanations aigrelettes se change en une caverne éclairée par la pâle clarté d’un soupirail brisé. Cette lucarne éructe et crache subissant dans ce calme moisi l’ignoble métamorphose : le regard organique et sans grâce d’un œil bovin…
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